Marin. Né le 30 avril 1731 à La Renaudière, Petit-Auverné, arrondissement de Chateaubriant (Loire Atlantique) dans une famille de maîtres-fondeurs, fils de Jean Pierre Trébuchet et de Françoise Louvigné. En 1748 il est matelot chez de Seigne à Nantes. A partir d'avril 1749il sert comme pilotin, notamment sur le Philibert, vaisseau de la compagnie des Indes qui se trouve à l'Ile de France en août 1749. Pendant la guerre de Sept Ans il devient aide-pilote sur les vaisseaux du Roi à Brest, et navigue en cette qualité sur le Soleil Royal (80), vaisseau amiral du maréchal de Conflans lors de la bataille des Cardinaux (20-22 novembre 1759). Second lieutenant en 1763. Premier lieutenant en 1765, sur la Nouvelle Société. Le 3 janvier 1767, il reçoit, à l'amirauté de Nantes, son brevet de capitaine au long cours. Le 22 septembre suivant il épouse Renée Louise Lenormand, fille de René Lenormand, procureur au présidial de Nantes et futur collaborateur de Carrier. A partir de cette époque il fait le commerce entre Nantes et Saint-Domingue. Le 28 mai 1772, alors qu'il ramène la Sèvre de Saint-Marc à Nantes, son navire est transpercé par un narval qui cause une voie d'eau importante. En souvenir de cet événement extraordinaire la Faculté des Lettres de Nantes porte dans ses armes, en hommage aux Trébuchet, une licorne. Pendant la guerre de l'Indépendance Américaine Jean-François Trébuchet transporte des troupes à travers l'Atlantique sur l’Astrée, de juin 1777 au 14 février 1778. Au retour il se querelle avec ses armateurs qui le mettent à pied. C'est avec peine qu'il obtient le commandement du vaisseau parti-culier le Comte de Grasse, de 250 tonneaux, avec lequel il quitte Brest le 12 février17S2 dans le convoi accompagné de la division de Peynier (q.v.). Après 97 jours de mer et une escale à False Bay, il fait route pour l'Ile de France le 26 juin 1782 sous l'escorte de la frégate la Cléopâtre et mouille en tête de rade du Port-Louis le 3 août. Son navire a fait eau depuis son départ de France, ainsi qu'il le déclare à Ignace Brunel (q.v.), le 5 août. Le 22 août Bussy lui donne l'ordre de se tenir prêt à partir pour l'Inde. Il lève l'ancre à nouveau le 3 décembre et se trouve au rendez-vous général de l'expédition de Bussy (q.v.) au large de Saint-Paul de Bourbon, d'où le convoi cingle vers l'Inde, avec la division de Peynier, le 26 décembre. La jonction avec Suffren (q.v.) se fait à Trinquemalé le 14 mars 1783. En juin Trébuchet est attaqué "d'une maladie très grave". Le 20 août son second, Pierre Joseph Dibel, reçoit l'autorisation de prendre le commandement au cas où Trébuchet "se refusât à appareiller dans les vingt quatre heures". Le Comte de Grasse quitte Trinquemalé le 22 août, commandé par Dibel, Trébuchet n'étant "point en état de donner les ordres nécessaires pour le départ". Il meurt le 1er septembre à une heure du matin par quatre degrés quinze minutes de latitude sud et quatre vingt trois degrés vingt deux minutes de longitude est, méridien de Paris. Le Comte de Grasse arrive au Port-Louis le 22 septembre et Dibel fait une déclaration enregistrée par Mazade de Percin (q.v.) le lendemain. Grand-père de Victor Hugo par sa fille SOPHIE, troisième de ses huit enfants, Trébuchet et son destin ont dû inspirer au poète le célèbre Oceano Nox. Le petit-fils de son frère aîné Louis Marie, LOUIS RENE JEAN TREBUCHET, marin âgé de 23 ans, épousa à Flacq le 29 prairial an IX (18 juin 1801) Louise Françoise Julienne Ménagé, fille de François Guillaume Ménagé et de Thérèse Cautrelle. On le retrouve officier de santé sous l'administration britannique, mêlé à l'affaire de la Topaze, signataire du "Rapport des médecins et officiers de santé français réunis en commission". En qualité de colon notable, il signa également des adresses au général Darling (q.v.) et à Sir Charles Colville (q.v.). Décédé au Port-Louis le 26 septembre 1829. Ses descendants fondèrent, en 1850, Trébuchet & Cie, acquéreur des terres de l’Espérance à Rivière du Rempart, propriété de cette famille jusqu'à son morcellement en 1911 (aujourd'hui Espérance Trébuchet).
Raymond d'Unienville---------
Bibl. :
- Archives de Maurice — OB21/58;234. KE6ID. Etat Civil.
- Geneviève Dorman — Le Roman de Sophie Trébuchet (Paris, 1982), (et renseignements supplémentaires communiqués par l'auteur).
- A. Toussaint — La Route des Iles (Paris, 1967) pp. 246,281.
- Dr Yves Hervé — Les chirurgiens "navigans" de Jean François Trébuchet,
- Bulletin de la Société Archéologique et Historique de Nantes et de la Loire Atlantique, tome 116 (1979-80) pp. 27-36.
- A.Pitot — L’Ile Maurice 1810-1823 pp. 281, 285-288. 1823-1828 pp. 5-7. 1828-1833 pp. 23-24.
- G. Rouillard — Histoire des Domaines Sucriers de L’Ile Maurice (Port-Louis, 1964-1979) pp. 49-50.
- Héraldique & Généalogie, janvier-février 1978, p. 44.
- A. Martineau — Le Journal de Bussy (Pondichéry, 1932) pp. 78,79.
Icon. : Portrait illustrant l'article du Dr Hervé, supra.
Dictionnaire de Biographie Mauricienne, 1984, N° 40, pp. 1223 - 1224,
et addendum N°9 incorporé.